Écrire à ciel ouvert

Ma relation avec l’écriture évolue. Cette année c’était de l’écriture de guérison. Écrire des phrases positives, des mantras, des affirmations. Tout coucher sur le papier pour que ça rebondisse dans ma cornée et que ça finisse par s’imprimer dans ma tête. Des phrases douces pour les temps durs. Me flatter dans le sens du poil, espérer que personne ne trouvera jamais ce cahier. Le cahier bouée.

Se dépêcher de rentrer à la maison pour tout évacuer. Un jogging sur papier. M’écrire mes propres mots d’amour. Un plaster pour mes petites catastrophes

Et garder ça secret

Entre moi et moi pour l’éternité

Cette année, l’écriture n’était plus un jeu. Je ne m’amuse plus avec les mots. Je ne tourne plus les phrases de tout bord tout côté. Je ne monte plus sur scène pour les crier. Cette année l’écriture c’est un premier répondant. Tous les deux entre les quatre murs de mon appartement.

Cette année, c’est écrire pour l’utilité. 

Des listes d’épicerie. Des présentations prescrites pour les autres. Des notes gribouillées, quelqu’un qui se raconte à moi au téléphone

Mais moi plus trop me raconter

Raconter les histoires des autres avec mon filtre d’État. C’est moi, mais ce n’est pas tout à fait ça.

Écrire beaucoup pour avoir un diplôme aussi. Aller droit au but, alors qu’on voudrait explorer les quatre chemins

Depuis l’Asie, je me dis que j’ai trop raconté ma vie. J’ai trop étalé mon cœur sur internet. Les gens en savent trop. Les gens vivent tous des affaires. À quoi ça sert? C’est le comble de l’égocentrisme, la génération Z à son paroxysme.

Je n’avais jamais pourtant considéré qu’écrire c’était narcissique. C’est juste une porte ouverte

Venez voir, prenez ce qui vous ressemble

Ou ne prenez rien

Ce sera là, moi ça m’aura fait du bien

Mais tu te racontes trop. Tu exagères. Tu n’es pas spéciale. Tu n’es pas de la trempe de tous ceux qui garnissent ta bibliothèque. Tu ne sais même pas écrire d’histoire. Tu sais juste te raconter. Alors, à quoi ça sert ?

Plus jeune je ne me posais pas la question. Je n’ai jamais eu envie d’être un mystère. Je suis à ciel ouvert. Écrire parce que tout doit sortir. Une vente fermeture de mes émotions. Une fois les mots placardés, c’est seulement là qu’on peut avancer. Les mystères, ça me garde enfermée.

Et quand on dit de revenir à l’essentiel, de retrouver son enfant intérieur, le mien il attend son exposition, le retour des journées portes ouvertes.

Peu importe ce que les autres peuvent en penser

Cette année, j’écris pour replonger à l’intérieur

Pour exposer sans pudeur

Prenez ce que vous voulez, c’est là pour rester

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Des nouvelles, 6 mois plus tard.

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Ca fait longtemps qu’on s’est pas jasé hein?

Je pense que c’est somewhat important de vous faire un petit update sur les derniers mois. Pas parce que ma vie est plus intéressante que les autres, mais parce que je vous ai beaucoup, beaucoup partagé ce que j’ai vécu en Thaïlande et je me suis éclipsée depuis. C’était une nécessité pour moi à ce moment-là. J’étais seule à l’autre bout du monde, j’avais l’impression que tout s’effondrait un peu plus chaque jour autour de moi.

Vous étiez ma bouée sur laquelle je pouvais compter même à des milliers de kilomètres. Même si c’est ben personnel, même si les journalistes sérieuses ne font pas ça d’habitude. Je me suis dit fuck that, je vis des affaires, je veux le crier partout.

Sérieusement, what a year.

Mon voyage en Thaïlande fut en toute franchise les trois pires semaines de ma vie. Je ne me suis jamais sentie aussi mal. Je n’ai jamais versé autant de larmes, je n’ai jamais senti mon corps se briser en mille miettes comme ça. Tout était une montagne. J’étais au milieu de l’Himalaya pis j’en voyais pas le boutte. Avant mon départ pour la Thaïlande, il y avait des tempêtes dans ma vie personnelle. Mais on ne fuit pas les tempêtes, on les affronte. Alors je suis revenue pour montrer de quel bois je me chauffe.

Et là j’écris tout ça, je reviens sur les derniers mois et je pleure encore. Ça fait longtemps que je n’ai pas pleuré à propos de tout ça. Là je pense que mes larmes ont changé de signification. À travers ma tristesse, il y a de la fierté.

Je me revois débarquer de l’avion à Montréal le 2 février et je suis fière. Fière d’avoir écouté ce que j’avais réellement envie de faire. Je me revois le 3 février dans la file d’attente du CLSC, en attente pour rencontrer une travailleuse sociale. Je suis vraiment fière d’avoir tout de suite passé à l’action, d’avoir considéré mes émotions, d’avoir saisi l’importance de ce que je vivais. Je suis fière d’avoir attendue d’être pleinement en forme avant de retourner au travail, même si ça voulait dire cinq mois sans salaire.

Normalement ça serait mon genre de vous rappeler que je ne veux pas me vanter, que ce n’est pas si spécial que ça, que dans le fond je suis vraiment égoïste de parler de moi comme ça tout le temps. De rire de ce que j’ai vécu en Thaïlande en me disant que j’ai exagéré.

Mais je ne fais plus ça. C’est fucking grave de vivre des crises d’angoisse à tous les jours. Rosalie, comprends-tu? C’est fucking grave pis on niaise pas avec ça.

Je ne sais pas si vous vous rappelez quand j’hésitais à partir parce que je n’arrivais pas à bien cerner la gravité du coronavirus? Je pense que j’ai pas besoin d’élaborer là-dessus. La suite on la connait.

Le confinement m’a forcée à passer deux mois chez mes parents, me sentir comme une adolescente à nouveau, retomber dans mes vieux démons pas réglés. Je me suis découvert une passion pour la peinture, les casse-têtes, le yoga, la méditation. Je n’ai rien fait d’autres. J’en faisais trop depuis trop longtemps. Constamment dans l’action, d’un projet à l’autre, sans jamais m’arrêter, sans jamais me rendre compte que j’ai besoin d’arrêter. Il aura fallu un arrêt forcé pour m’en rendre compte.

Ah oui et j’ai pensé à moi. Juste moi. Ça ne m’était jamais arrivé.

23 ans à se soucier de tout le reste sauf de l’actrice principale. 23 ans à me parler d’une façon parfois odieuse, des jugements envers moi-même que je n’oserais jamais faire subir aux autres.

Le déconfinement m’a un peu fait l’effet d’une claque dans la face, comme si on pétait ma bulle de confort que j’avais réussi à rebâtir et qu’on me repitchait dans la fosse aux lionnes. Mais je rebâti ma bulle tranquillement. Je ne pars pas de 0 cette fois-ci.

Il y a 6 mois derrière moi qui ont changé ma vie.

Je ne sais pas comment conclure mon texte. Il n’y a pas encore de conclusion je pense. Le chapitre n’est pas totalement bouclé. J’ai peut-être envie qu’on s’en jase. Ça vous ai déjà arrivé une aventure comme ça? Est-ce que le confinement vous a apporté des grands questionnements et des révélations, tout comme moi?

C’est tu ça une crise de la vingtaine?

Si oui, ça fait du bien.

Grand-maman dans le cadre de porte

 

20200411_180843Aujourd’hui c’est samedi juste avant que Jésus ressuscite. Pâques, c’est important pour mes grands-parents. Ça fait des années qu’on va toujours manger au même restaurant pour fêter Jésus qui est redescendu. Cette année, je pense qu’il est mieux là où il est.

Je suis allée porter un plateau de petits gâteaux et des chocolats chez ma grand-mère. Elle adore le sucré, je le sais. D’habitude c’est elle qui s’occupe du plateau qui déborde de mini eggs pis d’amandes dans le chocolat. Mais 2020 c’est pas comme d’habitude alors on s’adapte.

J’ai déposé le plateau par terre, j’ai sonné à la porte, j’ai reculé de plusieurs, plusieurs pas. Ma grand-mère a ouvert, elle s’est cachée derrière la porte.

Quelle drôle de scène.

Ma grand-mère a vu le plateau par terre. « Mais mon dieu c’est dont ben beau ça! Paul, viens voir! »

C’est vraiment Pâques à l’envers. Il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, c’était moi qui s’émerveillait devant les poules en chocolat que ma grand-mère me donnait.

Mon grand-père est arrivé, il avait tout de suite un grand sourire dans le visage. Je crois que pour lui, cette scène faisait changement des parties de hockey en rediffusion depuis 1 mois. « Comment va ton chum? » demande-t-il d’emblée.

Pis toi, comment tu vas grand-papa?

Comment ils vont, tous les autres grands papas et les autres grandes mamans du monde? Je les vois danser sur leurs balcons, jouer au bingo à distance, je les vois essayer de comprendre Facetime, tout seuls. Je les vois déçus de ne plus pouvoir aller voir leurs amis au Tim Hortons. Je les sens en colère. Je les comprends. Je sais que toi grand-papa tu peux pu aller faire des tournées au village, tu ne peux plus venir donner des chips en cachette à mon chien. Maintenant tu es contraint à ton cadre de porte. On crie presque pour se parler. Je te l’accorde, c’est à moitié de la faute de la surdité, à moitié à cause du monde qui nous sépare maintenant toi et moi.

Quand je vois mes grands-parents dans le cadre de porte, je vois tous les grands-parents du monde. Je vois ceux qui sont habitués d’avoir une grande tablée pour Pâques. Je vois aussi ceux qui sont seuls, tout le temps, et qui le sont encore plus ces derniers temps. Qui n’ont même plus le contact de la caissière du dépanneur qui dit bonjour. Ça fait mal ça, je ne sais pas si tout le monde comprend ça.

Moi quand j’ai vu mes grands-parents dans le cadre de porte j’avais envie de pleurer. J’avais envie d’aller porter des plateaux de petits gâteaux à tous les confinés. Mais pour aider tout le monde, le mieux que je puisse faire, c’est de reculer encore, encore, encore. De reculer jusqu’à ce que je retourne chez nous.

« Zipe ton manteau jusqu’en haut là, y fait frette », m’a dit m’a grand-mère. C’est vrai grand-maman, il ne faudrait pas que je pogne la grippe…

« Je vais juste prendre une p’tite photo avant de partir, ok? »

« Hey non, mes cheveux ça pas d’allure! »

Ça m’a fait sourire. Elle dit tout le temps ça, confinement ou pas. Ma grand-maman m’a ramené un peu de normal pour me dire que ça va bien aller.

 

Laisser mon geyser parler

MArco

On dirait que toute est un peu pogné en dedans. Est-ce que c’est un symptôme de la covid-19, ça, docteur Arruda?

Je ne sais pas exactement quelle attitude adopter par rapport à ce que l’on vit. L’optimisme me fait mal et le pessimisme encore plus. Au début du confinement, j’ai choisi d’être neutre pour me protéger.

Mais fuck le neutre, sérieux.

Quand j’essaie d’être neutre, j’explose en minuscule ici et là. Je suis un petit geyser qui se rassoit bien vite dès qu’il a pris conscience qu’il a ouvert les vannes. Toute est pogné dans le tuyau. Tout doit rester là. Si ça déborde, ça va être pire, je vais me laisser emporter par mon anxiété. C’est ma neutralité qui m’a dit de dire ça. Elle m’a dit de rester tranquille sinon je ne vais pas passer au travers. Reste tranquille pour te sauver la tête, pour remonter le moral de ta grand-mère et pour écrire sur internet que ça va bien aller.

À vrai dire, des fois je pleure quand je vois un arc-en-ciel. D’autres fois je trouve ça arrogant, les arcs-en-ciel. J’ai le goût de me taper sur les mains d’avoir écrit ça.

J’ai vu une vidéo de personnes âgées qui dansent sur leur balcon, j’ai pleuré. Mais pas longtemps. J’explose à petites doses. C’est tout ce que je me permets. Ça me fait chier de me retenir.

J’ai vu mon chum à 3m de distance, assise dans mon char, lui assis dans le sien. Je ne l’ai pas touché, pas embrassé. J’ai pleuré, mais juste un peu. J’ai explosé au milieu d’une phrase, au moment où je ne m’y attendais pas.

Le geyser a décidé par lui-même. Puis, il est redescendu assez rapidement. Comme pour me ramener. Pour pas que je m’enfonce. Est-ce que si je laisse tout sortir, si je pleure et je pleure et je pleure, est-ce que ça va être pire? Est-ce que je ne vais pas me faire encore plus de peine?

Je m’efforce de penser une journée à la fois. Mais c’est épuisant. C’est toujours comme si je devais réprimer mon cerveau qui veut penser plus loin. Non pense pas plus loin. Tu vas te faire mal. Non. Arrête. Ramène-toi. Ça me fait mal de savoir que je ne peux pas me laisser aller parce que tout ce qu’on vit est incertain. Il n’y a pas de plan, pas d’échéancier. Je ne peux pas être le paquet d’émotions ambulant que je suis depuis 23 ans.

Je m’en veux d’écrire des textes comme ça. Il faut lire du positif, il faut qu’on partage les bonnes nouvelles. Je suis tellement d’accord. Mais des fois, j’ai besoin de laisser mon geyser décider.

C’est gênant de prendre du (vrai) temps pour soi

me-timeC’est pas gênant de se faire un masque pour le visage. C’est à la mode de publier une story dans son bain. C’est trending sur Youtube de filmer sa journée, celle où on a choisi de s’inviter soi-même sur une date pis de se maquille pour se cruiser. C’est un peu drôle de dire qu’on a choisi de rester à la maison un vendredi soir au lieu de sortir au bar. « J’suis tellement une grand-mère!!! »

Mais je me rends compte que c’est gênant de prendre du vrai temps pour soi. C’est dur d’accepter d’arrêter tout, complètement, pendant plusieurs semaines. J’arrive encore difficilement à mettre les freins, à accepter de ne pas rouler vite. Je me rends compte que publiquement, quand on me demande ce que je fais, je réponds toujours un peu à la blague que je ne fais rien pantoute. J’en ris un peu, je dédramatise le tout, je déguise ça en vacances.

C’est vraiment particulier quand les devoirs que tu as à faire sont à propos de tes pensées. Quand tu dois gérer ce qui se passe dans ta tête, te corriger, te reprendre, t’exercer, t’emmener sur de nouveaux chemins, te prendre par la main. Messemble que le monde sur Internet on pas l’air à devoir se contrôler autant que moi.

Parce qu’en vrai, c’est plus dur que je pensais, de jouer à l’électricienne. De devoir reconnecter les fils à la bonne place. De comprendre d’où viennent ces connexions qui se font mal chez moi, de décoder mon ordinateur. C’est aussi plus dur que je pensais, de se prendre pour un maçon. De se reconstruire chaque jour, d’y aller brique par brique, de voir que ça s’effondre parfois. De se demander si c’est vraiment solide. D’aller éclater des fondations trop bien ancrées. Méchantes vacances mon affaire.

Je me demande souvent si c’est déplacé de m’exposer autant sur Internet. C’est sûrement un peu bébé, ça fait très je-me-moi. Mais ça me gosse tellement qu’on glamourise le self-care que j’ai envie de nous dire de ne pas nous laisser influencer par les phrases creuses de l’internet qui nous vende du me time.

La vérité c’est que le me time, je le travaille fort tous les jours. Il y a des jours où mon anxiété m’étouffe, d’autres jours où c’est comme si elle n’avait jamais existé, comme si je m’inventais un problème. C’est une job à temps plein que j’apprends à apprivoiser, que j’ose un peu plus afficher avec fierté, une genre de job où j’encourage tout le monde à postuler. Ma job m’apprend un jour à la fois à être ma propre boss.

Un beau p’tit char qui paraît bien

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Je suis à l’image de mon char

Un beau p’tit char avec plein de porte-clés colorés sur le rétroviseur

On se dit que la personne qui conduit ce genre de char doit être vraiment de bonne humeur quand a regarde en arrière

Dans son char qui peut faire mille affaires en même temps

Qui fait des affaires sans que personne ai besoin d’y demander

Les porte-clés qui rendent de bonne humeur pis le multi fonction

C’est pour cacher tout ce qui roule tout croche

Les affaires à régler qu’on se dit qu’on va aller chez le garage un manné

Mais pas tu suite parce que là ça me tente pas de me faire trouver des troubles

Sont tout le temps d’même les garagistes hein

Te dire ce qui va pas

 

Madame y’a un problème avec votre char

Non mais y roule encore monsieur ça va être correct

On va monter le son pour pas entendre le bruit inquiétant

On va mettre de la musique qui rend de bonne humeur

Si je l’entend pas il existe pas.

Je gère ma vie comme un beau p’tit char qui parait ben

Je vais être capable de régler le trouble chez nous monsieur le garagiste

On va régler ça entre lui pis moi

 

Y’a toujours monté les côtes ce char la

Pas tuable

Là c’tun peu plus long pis c’est toute

Non mon char c’est automatique

Y fait toute tout seul

Y va s’arranger tout seul

Y’a toujours fait ça

 

Ça va être correct monsieur.

 

Mon char y’est juste un peu tanné de se faire rentrer dedans.

Ah je le comprend

Je le comprend parce que des fois dans ma tête mes pensées c’est comme des auto tamponneuses

Ça part d’un bord pis de l’autre pis je perd le contrôle

Ça, des auto tamponneuses, c’est ben rienque le fun a Beauce Carnaval

Tout ça pour dire que des fois je me sens comme mon char monsieur

 

Ah mon char y’en a vu des garagistes vous êtes pas le premier

Y tousse y roule au ralenti la carrosserie est maganée

Mais vous savez ce que c’est aller au garage, c’toute une histoire

Je commence à être tannée d’expliquer c’est quoi le bruit bizarre de mon char encore et encore

 

Plus je l’explique, moins c’est vrai on dirait

Moins c’est à lui que ça arrive

Plus je décris le bruit bizarre, plus c’est comme si je rapportais les faits comme une journaliste

 

Ah j’técoeurée de rapporter les faits

Mon char y’a besoin de se faire emporter par une vague d’émotion

Un déluge qui le fait flotter dans toute Chicoutimi

Je sais ben que c’est pas correct de dire ça ici monsieur, je m’excuse

Mais tsé, ce que je veux dire dans le fond

C’est que mon beau p’tit char qui parait ben

Y’aurait peut-être besoin d’une remise à neuf

Vous seriez-tu capable de me faire ça monsieur?

Changement de plan

83155091_2912653905465588_3787751471026536448_nC’est le titre qui résume le mieux ce qui se passe en ce moment. Le plan que j’avais fabriqué pour les 6 prochains mois est complètement détruit. Scrappé. Viré de bord.

Le coronavirus m’a provoqué beaucoup d’anxiété, même si je ne suis pas quelqu’un d’hypocondriaque. Mais ici en Asie, tout le monde porte des masques, ça donne une ambiance de fin du monde. Il y avait des gros contrôles dans les aéroports. J’avais aussi chaque jour plusieurs notifications des médias québécois qui m’annonçaient un mort de plus en Chine à cause du virus. Puis, c’était l’OMS, puis c’était le gouvernement canadien, puis c’était mon université qui m’annonçait que le début de la session allait être décalé… Comment voulez-vous que je reste zen dans tout ça?

J’ai choisi de ne pas aller en Chine. N’importe quel voyageur changerait ses plans en ce moment, surtout s’il devait s’y rendre dans moins de 2 semaines. À vrai dire, c’était un peu un soulagement, quand j’ai finalement décidé de ne pas y aller. Mais c’était difficile à prendre comme décision, car ça veut dire perdre de l’argent, perdre une session universitaire et avoir beaucoup de tracas.

La suite, maintenant?

La suite est difficile à écrire. À assumer, plutôt.

Je retourne à la maison dans quelques jours.

Un voyageur dans un meilleur état mental que moi se dirait qu’il s’agit là d’une excellente opportunité pour voyager partout en Asie pendant qu’il y est déjà. Je pense que ce qui vient en tête de tout le monde dans ce cas-ci, c’est de choisir de continuer de voyager. Ça ferait une excellente histoire, ça serait inspirant, ça rendrait jaloux, ça ferait vraiment wow quel esprit libéré.

Les trois dernières semaines en Thaïlande m’ont toutefois fait comprendre beaucoup de choses sur moi-même. J’ai pogné un mur, j’ai shutdown, j’ai flanché.

Partir 6 mois en Asie, quand j’y réfléchis bien, c’était une façon de voyager et de faire quelque chose de productif en même temps, c’est-à-dire, compléter une session universitaire. Je voyais ça comme un 6 mois de break, parce que quelque part je le savais que j’avais besoin d’un break. Mais je ne me suis pas accordé un vrai break. J’ai juste avoué à moitié que j’avais besoin d’une pause.

Partir 6 mois à l’étranger, ça sonne comme le courage, ça sonne comme je suis capable de tout faire. Ça sonne peut-être un peu aussi comme je ne veux pas faire comme les autres. En tout cas, ça sonne comme je veux briser ma zone de confort, la détruire en mille morceaux.

Je pense qu’en effet j’avais besoin de briser ma zone de confort pour y voir plus clair. Ça ne veut pas dire pour autant que je suis bien dans cet entre-deux. Ce n’est pas grave de vouloir être dans sa zone de confort.

Je m’attendais à avoir un mental breakdown, mais je ne m’attendais pas à ce genre de réaction. Eh oui, c’est certain, au début, il y a le choc culturel. Mais j’ai l’impression que c’est plus que ça. C’est plus profond. C’est un gros wake-up call, l’appel au calme, l’appel à l’écoute de soi, l’appel à crisser les break dans l’fond. Il faut que je soigne mon anxiété, il faut que je règle tout ce qui brasse dans mon p’tit cœur.

Je suis allée en voyage et une partie de moi trouvait que c’était l’opportunité parfaite pour n’avoir que moi à gérer. Là je suis toute seule avec moi-même, je ressasse beaucoup de questionnements toujours dans ma tête, je me remets en question, je dois prendre des décisions importantes tous les jours. D’un côté j’aime beaucoup la liberté que ça me donne. De l’autre côté, je pense que ça fait tellement longtemps que je me souci des autres et de tout ce qui m’entoure. Maintenant que je me retrouve seule avec moi-même, je freak out. Je ne sais pas trop comment l’expliquer.

C’est pas reposant être en Asie. Tes yeux, ton nez, tes oreilles, ta tête, y’a rien qui a droit à une pause, peu importe l’heure. C’est toujours de l’adaptation. Dans mon désir d’avoir un 6 mois de break, j’ai pris un défi trop gros. Un défi que je me voyais bien réaliser, que tout le monde autour de moi me voyait bien réaliser.

C’est tellement dur d’écouter ce que notre cœur nous dit réellement. C’est jamais clair ce qu’il dit. C’est jamais 100 % certain. Mon cœur moi il chuchote quelque chose, je le sais. J’essaie de tout faire taire autour pour comprendre ce qu’il essaie de me dire. Les réseaux sociaux, les recommandations de mes proches, les histoires que je me monte dans ma tête et l’anxiété parlent tellement fort. Je pense que j’arrive tranquillement à entendre le chuchotement à travers tout ça, à force d’écrire, à force de penser, à force de passer des moments seule avec moi-même.

Je pense que mon cœur me dit de retourner à la maison pour recharger mes batteries. Je pense que c’est le choix le plus logique pour moi, même si ce n’est pas logique pour n’importe qui qui ne me connait pas, n’importe qui d’externe à la situation. Quand je m’imagine, je me vois en train de brailler sans arrêt sur le divan, chez mes parents. Et je pense que ça fait du bien.

Kim, cette femme que j’ai rencontrée à l’hôpital de Chiang Mai, m’a dit que j’étais très consciente de mes émotions, que c’était beau à voir. Je pense que c’est ma force. C’est une force sournoise par contre, parce qu’au premier abord, elle me fait sentir faible.

Avoir la force de pleurer et de m’avouer vaincue. Trouver de la force dans ses faiblesses. Ça m’a fait du bien qu’elle me dise ça, Kim. On ne se connaissait que depuis quelques heures. On dirait que pour elle, ça sautait aux yeux.

La raison pourquoi j’ai documenté mon début de voyage laborieux, c’est parce que j’en avais besoin. Je ne pouvais pas faire semblant et poster des stories sur Instagram de mes aventures, comme si de rien n’était.

Peut-être que me montrer faible ça me fait sentir forte. Peut-être que d’écrire des articles de blog qui racontent mon état mental ça me fait du bien, parce que c’est ce que j’aurais aimé lire. Pour enlever de la culpabilité aux gens, mais principalement à moi-même. Un mélange de tout ça.

On s’en rejase au Québec?

 

 

 

Lamentations d’une voyageuse

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Je n’aime pas les hordes de touristes

Je n’aime pas les foutus night market qui vendent des cossins inutiles

Je n’aime pas les serveurs de restaurant qui t’attendent de pied ferme sur la rue et qui font toutes sortes de galipettes pour te convaincre d’entrer manger

Je n’aime pas les Hello Lady dans la rue pour me convaincre d’embarquer dans un tuktuk.

Je n’aime pas les shooting photo devant les couchers de soleil

Je suis une vieille frustrée.

À suivre tous les conseils de voyage je me monte des attentes, j’empile les suggestions une par-dessus l’autre et tout s’effondre quand j’arrive sur place. J’arrive mal à discerner mes envies, des choses qu’il faut absolument voir. De quelle façon ai-je envie de voyager? J’ai du temps, devrais-je en voir beaucoup ou rester au même endroit? Et si c’est le cas, quel sera cet endroit? Je n’ai jamais eu à me poser ces questions dans mes voyages précédents. Ces jours-ci, je me pose toujours mille questions et ça finit par m’étourdir tellement ça cogne partout dans ma tête.

Je fais beaucoup d’essai et erreur, mais tout ça me provoque beaucoup d’anxiété. Je suis seule et je ne fais que ressasser les mêmes questionnements dans ma tête. J’essaie de rencontrer des gens, mais en voyage comme dans la vie de tous les jours, on ne devient pas toujours des meilleurs amis du jour au lendemain. C’est toujours à recommencer, des nouvelles présentations, les mêmes questions futiles.

Qu’est-ce que j’ai envie de vivre? Pourquoi j’ai décidé de faire ce voyage? Je ne le sais même plus. Je me trouve chialeuse, je me lamente que mon voyage est difficile alors que j’ai la chance de voyager, j’ai le privilège de le faire.

C’est dur de jongler avec cette culpabilité et en même temps, me concentrer uniquement sur moi. C’est dur de se concentrer uniquement sur soi quand la solitude commence à peser.

Ah oui et bien sûr que le coronavirus me fait peur. Ça aussi, c’est plein de questions sans réponse. Je dois me rendre en Chine le 17 février. Est-ce que le virus est vraiment dangereux? J’ai de la difficulter à ne pas anticiper, à ne pas me faire de scénarios, même si je sais que c’est ce qui cause mon anxiété. J’essaie de vivre un jour à la fois, mais le coronavirus rend tout ça plus complexe.

Comment faire la part des choses entre ce que les médias rapportent, ce que le gouvernement chinois dit, ce que les autres voyageurs disent?

Tout ce que je voudrais, c’est une réponse simple. Des jours, j’aimerais que tous les voyages en Chine soient annulés pour que je puisse retourner chez moi, tranquille, et que quelqu’un d’externe me dise finalement ce que je dois faire.

D’autres jours je me dis que je suis niaiseuse de penser comme ça, je me suis lancé un défi, je vais le relever. Mais sapristi, le défi est difficile jusqu’à présent, et je suis bien au courant que ça ne fait que deux semaines que c’est commencé. Mais je ne me sens pas bien, que voulez-vous.

C’est difficile à écrire, c’est difficile à assumer, je me sens faible de pleurer.

 

 

 

 

Pleurer au McDonald’s et visiter un hôpital

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Bonjour, bienvenue sur mon blog voyage, aujourd’hui je vous parle de mon must à visiter à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande : L’HÔPITAL.

Ben oui! Je suis allée à l’hôpital dimanche après-midi. Je ne me sentais pas très bien depuis mon arrivée en Thaïlande. Fatigue extrême, vomissement, diarrhée (allo coucou les détails), étourdissements, tout le temps envie de pleurer… Les gens de mon auberge m’ont finalement convaincu d’aller à l’hôpital. Le service était très rapide, j’ai attendu à peine 1h avant de recevoir des soins. Résultat : intoxication alimentaire, avec un début de déshydratation. Maintenant ça va mieux et j’arrive à manger des repas complets.

Mon petit diagnostic personnel, c’est que l’anxiété a beaucoup joué là-dedans.

J’ai appelé mes parents à toute heure du jour et de la nuit, seulement pour pleurer. J’ai pleuré au beau milieu des salles communes des auberges de jeunesse, j’ai pleuré dans un restaurant, j’ai pleuré sur la terrasse d’un McDonald’s. Je pense qu’une partie de ma déshydratation a été causée par toutes les larmes que j’ai évacuées.

Je voulais aller à Pai, une ville un peu plus au Nord, et j’ai décidé d’annuler et de passer la semaine au même endroit. C’est difficile à accepter, je trouve. L’idée d’en faire moins, l’idée de passer une journée au lit à ne rien faire. Changer ma façon de voyager. Mais je réalise que je ne me suis pas accordé le droit de pleurer et de ne n’avoir rien à penser ni à faire depuis un sacré bon moment. C’est en Thaïlande que tout se relâche, que je pleure et que je remets pas mal tout en question.

J’ai fait quelques visites ici à Chiang Mai : un parc national, un sanctuaire d’éléphants, des temples. Rien ne m’a procuré une émotion. On dirait que je ne ressens pas grand-chose. En fait, j’aurais pu ne pas y aller et ça ne m’aurait pas trop dérangé. Je ne me reconnais pas là-dedans et c’est difficile à accepter.

Y’a des journées comme ça hein! Je ne sais pas ce que je vais faire cette semaine. En fait, j’essaie de penser une journée à la fois. C’est pas mal tout ce que je peux me permettre pour l’instant.

Je suis en vacances

Je suis en vacances

Je suis en vacances

Je le répète pour m’en souvenir.

 

 

 

La Thaïlande me dit de me calmer

82807767_418773812232964_3182900881817337856_nJe trouve ça difficile.

Ça fait trois jours que je suis en Thaïlande. Je sais que ce n’est pas beaucoup, je sais que je dois me donner du temps. Je sais tout ça. Mais je n’ai personne à qui parler, tout le monde dort au Québec, alors laissez-moi me lamenter un peu ici.

J’aimerais ça être la grande voyageuse que je pense être dans ma tête. Débarquer dans une ville, la connaître, faire toutes les activités dont j’ai envie dans la même journée. Essayer de la bouffe de rue sans trop me questionner, manger thaï tous les jours. Me faire des amis dans les auberges de jeunesse. Même faire le party, tiens, ça l’air que la Thaïlande c’est fait pour ça.

En vérité je n’y arrive pas encore pour l’instant.

La Thaïlande me donne ma première claque dans la face. Et la claque résonne dans tout mon corps. Dans mon ventre, parce que j’ai souvent mal au cœur. Dans ma tête parce que je suis constamment fatiguée. Mes yeux, mes oreilles, mon nez, parce qu’ici tout bouge vite, tout est bruyant, tout est nouveau, tout sent fort, parle fort.

Le voyage pour me rendre ici a été long, complexe, stressant. Des vols retardés à répétition, des papiers importants reçus à la dernière minute. Des au revoir déchirants. Peut-être que tout retombe seulement maintenant.

En attendant, mes journées ne sont pas très remplies, tout ce que je fais c’est tenter de reprendre un cycle de sommeil normal, me donner des petits défis comme manger un vrai repas, boire assez d’eau.

Je dois déconstruire mes attentes, je dois me forcer à ralentir, à ne pas vouloir tout cocher sur ma bucketlist. M’accorder du repos, m’écouter, m’endurer. C’est difficile.

Je ne vous donnerai donc pas de conseils sur la Thaïlande, quoi voir, quoi faire, pour la simple raison que je ne fais rien. Je me gère, et c’est bien assez.

Mais ne vous inquiétez pas ça va bien aller !