C’est le titre qui résume le mieux ce qui se passe en ce moment. Le plan que j’avais fabriqué pour les 6 prochains mois est complètement détruit. Scrappé. Viré de bord.
Le coronavirus m’a provoqué beaucoup d’anxiété, même si je ne suis pas quelqu’un d’hypocondriaque. Mais ici en Asie, tout le monde porte des masques, ça donne une ambiance de fin du monde. Il y avait des gros contrôles dans les aéroports. J’avais aussi chaque jour plusieurs notifications des médias québécois qui m’annonçaient un mort de plus en Chine à cause du virus. Puis, c’était l’OMS, puis c’était le gouvernement canadien, puis c’était mon université qui m’annonçait que le début de la session allait être décalé… Comment voulez-vous que je reste zen dans tout ça?
J’ai choisi de ne pas aller en Chine. N’importe quel voyageur changerait ses plans en ce moment, surtout s’il devait s’y rendre dans moins de 2 semaines. À vrai dire, c’était un peu un soulagement, quand j’ai finalement décidé de ne pas y aller. Mais c’était difficile à prendre comme décision, car ça veut dire perdre de l’argent, perdre une session universitaire et avoir beaucoup de tracas.
La suite, maintenant?
La suite est difficile à écrire. À assumer, plutôt.
Je retourne à la maison dans quelques jours.
Un voyageur dans un meilleur état mental que moi se dirait qu’il s’agit là d’une excellente opportunité pour voyager partout en Asie pendant qu’il y est déjà. Je pense que ce qui vient en tête de tout le monde dans ce cas-ci, c’est de choisir de continuer de voyager. Ça ferait une excellente histoire, ça serait inspirant, ça rendrait jaloux, ça ferait vraiment wow quel esprit libéré.
Les trois dernières semaines en Thaïlande m’ont toutefois fait comprendre beaucoup de choses sur moi-même. J’ai pogné un mur, j’ai shutdown, j’ai flanché.
Partir 6 mois en Asie, quand j’y réfléchis bien, c’était une façon de voyager et de faire quelque chose de productif en même temps, c’est-à-dire, compléter une session universitaire. Je voyais ça comme un 6 mois de break, parce que quelque part je le savais que j’avais besoin d’un break. Mais je ne me suis pas accordé un vrai break. J’ai juste avoué à moitié que j’avais besoin d’une pause.
Partir 6 mois à l’étranger, ça sonne comme le courage, ça sonne comme je suis capable de tout faire. Ça sonne peut-être un peu aussi comme je ne veux pas faire comme les autres. En tout cas, ça sonne comme je veux briser ma zone de confort, la détruire en mille morceaux.
Je pense qu’en effet j’avais besoin de briser ma zone de confort pour y voir plus clair. Ça ne veut pas dire pour autant que je suis bien dans cet entre-deux. Ce n’est pas grave de vouloir être dans sa zone de confort.
Je m’attendais à avoir un mental breakdown, mais je ne m’attendais pas à ce genre de réaction. Eh oui, c’est certain, au début, il y a le choc culturel. Mais j’ai l’impression que c’est plus que ça. C’est plus profond. C’est un gros wake-up call, l’appel au calme, l’appel à l’écoute de soi, l’appel à crisser les break dans l’fond. Il faut que je soigne mon anxiété, il faut que je règle tout ce qui brasse dans mon p’tit cœur.
Je suis allée en voyage et une partie de moi trouvait que c’était l’opportunité parfaite pour n’avoir que moi à gérer. Là je suis toute seule avec moi-même, je ressasse beaucoup de questionnements toujours dans ma tête, je me remets en question, je dois prendre des décisions importantes tous les jours. D’un côté j’aime beaucoup la liberté que ça me donne. De l’autre côté, je pense que ça fait tellement longtemps que je me souci des autres et de tout ce qui m’entoure. Maintenant que je me retrouve seule avec moi-même, je freak out. Je ne sais pas trop comment l’expliquer.
C’est pas reposant être en Asie. Tes yeux, ton nez, tes oreilles, ta tête, y’a rien qui a droit à une pause, peu importe l’heure. C’est toujours de l’adaptation. Dans mon désir d’avoir un 6 mois de break, j’ai pris un défi trop gros. Un défi que je me voyais bien réaliser, que tout le monde autour de moi me voyait bien réaliser.
C’est tellement dur d’écouter ce que notre cœur nous dit réellement. C’est jamais clair ce qu’il dit. C’est jamais 100 % certain. Mon cœur moi il chuchote quelque chose, je le sais. J’essaie de tout faire taire autour pour comprendre ce qu’il essaie de me dire. Les réseaux sociaux, les recommandations de mes proches, les histoires que je me monte dans ma tête et l’anxiété parlent tellement fort. Je pense que j’arrive tranquillement à entendre le chuchotement à travers tout ça, à force d’écrire, à force de penser, à force de passer des moments seule avec moi-même.
Je pense que mon cœur me dit de retourner à la maison pour recharger mes batteries. Je pense que c’est le choix le plus logique pour moi, même si ce n’est pas logique pour n’importe qui qui ne me connait pas, n’importe qui d’externe à la situation. Quand je m’imagine, je me vois en train de brailler sans arrêt sur le divan, chez mes parents. Et je pense que ça fait du bien.
Kim, cette femme que j’ai rencontrée à l’hôpital de Chiang Mai, m’a dit que j’étais très consciente de mes émotions, que c’était beau à voir. Je pense que c’est ma force. C’est une force sournoise par contre, parce qu’au premier abord, elle me fait sentir faible.
Avoir la force de pleurer et de m’avouer vaincue. Trouver de la force dans ses faiblesses. Ça m’a fait du bien qu’elle me dise ça, Kim. On ne se connaissait que depuis quelques heures. On dirait que pour elle, ça sautait aux yeux.
La raison pourquoi j’ai documenté mon début de voyage laborieux, c’est parce que j’en avais besoin. Je ne pouvais pas faire semblant et poster des stories sur Instagram de mes aventures, comme si de rien n’était.
Peut-être que me montrer faible ça me fait sentir forte. Peut-être que d’écrire des articles de blog qui racontent mon état mental ça me fait du bien, parce que c’est ce que j’aurais aimé lire. Pour enlever de la culpabilité aux gens, mais principalement à moi-même. Un mélange de tout ça.
On s’en rejase au Québec?