Ca fait longtemps qu’on s’est pas jasé hein?
Je pense que c’est somewhat important de vous faire un petit update sur les derniers mois. Pas parce que ma vie est plus intéressante que les autres, mais parce que je vous ai beaucoup, beaucoup partagé ce que j’ai vécu en Thaïlande et je me suis éclipsée depuis. C’était une nécessité pour moi à ce moment-là. J’étais seule à l’autre bout du monde, j’avais l’impression que tout s’effondrait un peu plus chaque jour autour de moi.
Vous étiez ma bouée sur laquelle je pouvais compter même à des milliers de kilomètres. Même si c’est ben personnel, même si les journalistes sérieuses ne font pas ça d’habitude. Je me suis dit fuck that, je vis des affaires, je veux le crier partout.
Sérieusement, what a year.
Mon voyage en Thaïlande fut en toute franchise les trois pires semaines de ma vie. Je ne me suis jamais sentie aussi mal. Je n’ai jamais versé autant de larmes, je n’ai jamais senti mon corps se briser en mille miettes comme ça. Tout était une montagne. J’étais au milieu de l’Himalaya pis j’en voyais pas le boutte. Avant mon départ pour la Thaïlande, il y avait des tempêtes dans ma vie personnelle. Mais on ne fuit pas les tempêtes, on les affronte. Alors je suis revenue pour montrer de quel bois je me chauffe.
Et là j’écris tout ça, je reviens sur les derniers mois et je pleure encore. Ça fait longtemps que je n’ai pas pleuré à propos de tout ça. Là je pense que mes larmes ont changé de signification. À travers ma tristesse, il y a de la fierté.
Je me revois débarquer de l’avion à Montréal le 2 février et je suis fière. Fière d’avoir écouté ce que j’avais réellement envie de faire. Je me revois le 3 février dans la file d’attente du CLSC, en attente pour rencontrer une travailleuse sociale. Je suis vraiment fière d’avoir tout de suite passé à l’action, d’avoir considéré mes émotions, d’avoir saisi l’importance de ce que je vivais. Je suis fière d’avoir attendue d’être pleinement en forme avant de retourner au travail, même si ça voulait dire cinq mois sans salaire.
Normalement ça serait mon genre de vous rappeler que je ne veux pas me vanter, que ce n’est pas si spécial que ça, que dans le fond je suis vraiment égoïste de parler de moi comme ça tout le temps. De rire de ce que j’ai vécu en Thaïlande en me disant que j’ai exagéré.
Mais je ne fais plus ça. C’est fucking grave de vivre des crises d’angoisse à tous les jours. Rosalie, comprends-tu? C’est fucking grave pis on niaise pas avec ça.
Je ne sais pas si vous vous rappelez quand j’hésitais à partir parce que je n’arrivais pas à bien cerner la gravité du coronavirus? Je pense que j’ai pas besoin d’élaborer là-dessus. La suite on la connait.
Le confinement m’a forcée à passer deux mois chez mes parents, me sentir comme une adolescente à nouveau, retomber dans mes vieux démons pas réglés. Je me suis découvert une passion pour la peinture, les casse-têtes, le yoga, la méditation. Je n’ai rien fait d’autres. J’en faisais trop depuis trop longtemps. Constamment dans l’action, d’un projet à l’autre, sans jamais m’arrêter, sans jamais me rendre compte que j’ai besoin d’arrêter. Il aura fallu un arrêt forcé pour m’en rendre compte.
Ah oui et j’ai pensé à moi. Juste moi. Ça ne m’était jamais arrivé.
23 ans à se soucier de tout le reste sauf de l’actrice principale. 23 ans à me parler d’une façon parfois odieuse, des jugements envers moi-même que je n’oserais jamais faire subir aux autres.
Le déconfinement m’a un peu fait l’effet d’une claque dans la face, comme si on pétait ma bulle de confort que j’avais réussi à rebâtir et qu’on me repitchait dans la fosse aux lionnes. Mais je rebâti ma bulle tranquillement. Je ne pars pas de 0 cette fois-ci.
Il y a 6 mois derrière moi qui ont changé ma vie.
Je ne sais pas comment conclure mon texte. Il n’y a pas encore de conclusion je pense. Le chapitre n’est pas totalement bouclé. J’ai peut-être envie qu’on s’en jase. Ça vous ai déjà arrivé une aventure comme ça? Est-ce que le confinement vous a apporté des grands questionnements et des révélations, tout comme moi?
C’est tu ça une crise de la vingtaine?
Si oui, ça fait du bien.